Le jeûne est une pratique ancestrale qui trouve actuellement un regain d’intérêt, notamment chez les personnes souhaitant améliorer leur bien-être. Toutefois, la pratique du jeûne ne se fait pas au hasard ! Afin d’obtenir les résultats escomptés et de jeûner en toute sécurité, mieux vaut être bien informé et accompagné. Faisons le point sur ce qui est à savoir pour jeûner dans de bonnes conditions.
Qu’est-ce que le jeûne ?
Le jeûne consiste à priver son corps de nourriture et/ou de boisson pendant un temps défini, dans le but de mettre au repos ses différents organes. On considère de manière générale que le jeûne commence six heures après la dernière prise alimentaire. Il existe différents types de jeûne, avec pour chacun des objectifs bien précis.
Les différents types de jeûne
Le jeûne spirituel
Le jeûne spirituel a pour but de se rapprocher du divin et de renforcer sa spiritualité. Il s’agit certainement de la forme la plus ancienne de jeûne. Le christianisme (carême), l'islam (ramadan) et le judaïsme (Yom Kippour) recommandent la pratique du jeûne depuis des millénaires pour des raisons de purification spirituelles.
Le jeûne “détoxifiant”
De nombreuses personnes s’intéressent aujourd’hui au jeûne, avec pour objectif de se détoxifier intérieurement. Le jeûne spécifiquement réalisé pour des raisons de bien-être est communément appelé “sanogenèse”. Il existe dans ce cadre plusieurs manières de pratiquer le jeûne (jus de légumes, jeûne hydrique etc.) qui peuvent être mises en place sous forme de cures, accompagnées d’un praticien de santé compétent. Il existe aujourd’hui des cliniques spécialisées permettant d’accompagner la personne dans son expérience de jeûne.
Le jeûne intermittent
Le jeûne intermittent consiste à jeûner sur une courte durée, généralement sur environ 16 heures, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est également nommé “jeûne de 16 heures”. Il est pratiqué par de plus en plus de personnes souhaitant perdre du poids, retrouver de l’énergie, améliorer leur sommeil ou encore équilibrer leur sphère hormonale. Dans la plupart des cas, le jeûne intermittent consiste à omettre le petit déjeuner ou le dîner, ou bien à ingérer nos repas sur les heures restantes. Toutefois, il existe de nombreuses manières de pratiquer le jeûne intermittent en adaptant les modalités en fonction de nos possibilités et de notre mode de vie.
Jeûne de 24h
Un peu plus costaud que le jeûne intermittent, le jeûne de 24 heures consiste à ne pas s’alimenter entre deux des mêmes repas. On peut ainsi décider de jeûner d’un dîner à l’autre, ou d’un petit déjeuner à l’autre par exemple. L’important est que le jeûne dure 24 heures ! De nombreuses personnes pratiquent ce jeûne une fois par semaine, en entretien.
Jeûne 1 jour sur 2
Moins répandu, ce jeûne consiste à pratiquer sur le long terme l’abstinence de nourriture un jour sur deux. Même si cette méthode peut paraître la plus naturelle et proche de la réalité de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, elle reste néanmoins difficile à appliquer dans nos quotidiens modernes.
À quoi sert le jeûne ?
Le jeûne est pratiqué depuis des millénaires par les personnes souhaitant améliorer leur bien-être. Afin de bien comprendre à quoi sert le jeune, faisons le point sur ce qui se passe dans notre corps lorsque nous jeûnons.
Que se passe-t-il dans notre corps lorsque l’on jeûne ?
Le jeûne se déroule en quatre phases consécutives. Chaque phase correspond à un enchaînement de réactions métaboliques spécifiques mises en place par notre organisme afin de maintenir ses niveaux d’énergie.
Première phase du jeûne
La première phase du jeûne correspond à l’épuisement des réserves de glycogène du corps, c’est-à-dire le glucose stocké. Lorsque nous privons notre corps de nourriture pendant une certaine période, celui-ci va puiser son énergie en utilisant les glucides de notre dernier repas. Une fois ces glucides consommés, notre corps utilise ensuite le glycogène, stocké par notre foie. Ce dernier met alors à contribution sa fonction de réserve de carburant, laquelle est particulièrement importante lorsque les derniers aliments ingérés ont été digérés et que le taux de glucose du sang s’épuise. Ce mécanisme permet à notre corps de continuer à nourrir nos organes dits gluco-dépendants, dont le cerveau et les hématies sont les principaux.
Toutefois, après un certain temps, cette réserve d’énergie se retrouve vidée. Notre corps va alors devoir métaboliser d’autres sources d’énergie afin de continuer à fonctionner. C’est là que commence la seconde phase du jeûne.
Seconde phase du jeûne
L’organisme va progressivement mettre en place un mécanisme d’utilisation des graisses. À ce stade, notre organisme se met à puiser son énergie dans nos réserves lipidiques. Les réserves en acides gras de notre tissu adipeux sont alors transformées, notamment en molécules d’acétyl-CoA, pouvant elles-même être transformées dans le foie en corps cétoniques. C’est ainsi que les corps cétoniques s’accumulent, et que l'organisme bascule en cétose.
Note : durant la cétogenèse, de nombreuses personnes rapportent se sentir mieux et retrouver de la vitalité.
Troisième phase du jeûne
Notre corps a donc trouvé le moyen d’utiliser nos réserves graisseuses pour produire de l’énergie afin de subvenir à ses besoins. En parallèle, il va également commencer à utiliser les protéines. Ces protéines utilisables sont principalement localisées dans les muscles. Chez les personnes âgées ou ne présentant pas une masse musculaire importante, cette phase peut se révéler délicate.
Heureusement, ce processus n’est que temporaire et s’interrompt naturellement au bout d’une journée environ.
Note : à ce stade, il est courant de ne plus ressentir la sensation de faim aussi fortement qu'au début du jeûne.
Quatrième phase du jeûne
En quatrième phase de jeûne, notre organisme va cesser de puiser de l’énergie dans les protéines pour se concentrer principalement sur celle présente dans les tissus adipeux. Pourquoi ? Tout simplement pour éviter d'attaquer trop profondément la masse musculaire et de trop priver l’organisme de ses protéines. La nature est bien faite !
La crise d’acidose passée, notre organisme s’est habitué aux corps cétoniques et la majorité des inconforts relatifs au jeûne s’estompent.
Note : certaines personnes rapportent bénéficier d’une meilleure clarté mentale à ce stade de leur jeûne.
Pourquoi jeûner ?
Nettoyage des humeurs
Beaucoup de personnes se lancent dans un jeûne dans l’espoir d’accélérer l’auto-nettoyage de leur organisme. En naturopathie, on parle particulièrement du drainage des humeurs, ou liquides, du corps humain considérés comme étant responsables de l’élimination des fameuses toxines. Certains naturopathes recommandent d’ailleurs le jeûne dans le cadre des cures de détoxination.
Repos digestif
Cela va sans dire, le jeûne présente l’avantage d’offrir à notre système digestif une petite pause bien méritée. Selon certains thérapeutes spécialisés dans la pratique du jeûne, le fait de jeûner permet de mettre au repos le système digestif, qui n’a alors plus besoin de travailler autant. La digestion étant un phénomène énergivore pour l’organisme, l’énergie libérée grâce au jeûne peut par conséquent être redirigée vers les processus de régénération de l’organisme.
Autolyse aseptique
L’autolyse aseptique consiste en un auto-nettoyage de l’organisme lorsque les calories habituellement utilisées pour produire de l’énergie ne sont plus fournies par les aliments. Le corps, ayant besoin d’énergie, vient ainsi piocher dans nos toxines, graisses et excédents afin de pouvoir subvenir à ses besoins.
Lors de la seconde phase de jeûne, l’organisme va s’atteler à utiliser d’autres matériaux que le glucose pour maintenir ses niveaux d’énergie. Les adeptes du jeûne “bien-être” rapportent retrouver une belle forme après leur jeûne.
Pratiquer le jeûne : une tradition ancienne
Si le jeûne revient au goût du jour, il n'est pas pour autant un simple effet de mode. La restriction alimentaire à des fins de bien-être ou de spiritualité aurait été pratiquée du temps de l’Antiquité. Les écrits de Socrate et d’Hippocrate mentionnaient d’ailleurs déjà le jeûne !
Le jeûne au cœur des religions
Le jeûne est considéré comme étant une pratique spirituelle par beaucoup de religions. Moïse, Jésus et Mahomet auraient jeûné dans le désert. Aujourd’hui, la pratique du jeûne est toujours inscrite dans le calendrier des trois grandes religions monothéistes, à l’occasion de Yom Kippour, du carême et du ramadan.
Dans la Grèce antique, la pratique du jeûne était recommandée aux personnes dont le profil ne correspondait pas aux thérapies habituellement pratiquées. Le jeûne s'est ensuite développé au Moyen-Orient avec la diffusion de l'islam et en Occident avec celle du christianisme.
Si les modalités de jeûne ont évolué au fil des siècles, il demeure dans de nombreuses écoles spirituelles une occasion de se recentrer et de se purifier.
Les saisons pour jeûner
Certaines saisons sont plus propices au jeûne car elles le facilitent. C’est le cas par exemple de l’été qui nous entraîne naturellement à moins manger et à alléger nos repas. La saison chaude nous donne envie d’aliments plus riches en eau et à plus faible concentration énergétique.
Le jeûne pratiqué au changement de saison est souvent recommandé. Selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise, l’organisme serait plus enclin à se nettoyer aux moments de passage où l’organisme change de fonctionnement. On devrait ainsi par exemple jeûner à l'arrivée du printemps et de l’automne, moments que choisissent beaucoup d’adeptes pour leurs jeûnes ou cures de drainage.
En revanche, un jeûne en hiver sera plus délicat. Durant cette saison où l’organisme a besoin d’énergie pour maintenir sa température corporelle, il est en effet préférable de s’alimenter de manière régulière.
Même si certaines saisons sont plus propices que d’autres à la pratique du jeûne, l’essentiel est surtout d’être à l’écoute de ses propres besoins et de se faire accompagner par un praticien de santé qualifié.
Comment bien préparer un jeûne ?
Se préparer physiquement au jeûne
Se préparer physiquement au jeûne permet de faire entrer progressivement l’organisme dans ses mécanismes d’auto-nettoyage. Le temps de préparation au jeûne peut être tout aussi important que le jeûne lui-même.
Généralement, il est conseillé de s’organiser pour que le temps de préparation soit de plusieurs jours, nous permettant de nous préparer efficacement à bénéficier de notre jeûne.
Quels aliments arrêter avant le jeûne.
Durant la phase de préparation au jeûne, il est recommandé de réduire, voire de supprimer si possible, certains aliments.
Les excitants
Le jeûne n’est pas qu’une occasion de mettre son système digestif au repos, c’est également une pause salutaire pour le système nerveux. Extrêmement sollicité dans nos sociétés où la charge mentale est toujours plus importante, le système nerveux mérite bien que l’on en prenne soin, d’où l’interruption des excitants (café, thé, alcool, boissons énergisantes).
Les céréales
En naturopathie, on considère que les produits céréaliers (on parle des pâtes, du pain, du riz etc.) sont créateurs de colloïdes, un type de toxines produites lors de leur dégradation dans l’intestin. On veillera donc en préparation au jeûne de réduire notre consommation de produits farineux dans l’intention de libérer l’intestin et de promouvoir son auto-nettoyage.
Les protéines
Dans les deux jours qui précédent le jeûne, on commence à éliminer petit à petit les protéines animales (viande, poisson, œufs, produits laitiers) puis dans un second temps, les protéines végétales (soja, légumineuses). L’objectif est ici de réduire la production digestive de purines, des déchets acides.
Les fruits et légumes
Il ne reste alors plus que les fruits et légumes, aliments idéaux en fin de préparation au jeûne en raison de leur bonne digestibilité. Sur cette période, on peut choisir de les consommer crus ou, pour ceux qui ne les supportent pas, cuits à la vapeur.
Le nettoyage de l’intestin avant le jeûne
De nombreux adeptes recommandent de porter une attention toute particulière à l’intestin en phase de préparation au jeûne. Il existe pour cela des méthodes variées, il convient à chacun de déterminer, dans le cadre d’un accompagnement par un professionnel, du protocole qui correspond le mieux à ses objectifs de bien-être.
L’irrigation colonique
L’irrigation du côlon, appliquée par un professionnel, consiste en un nettoyage hydrique du gros intestin. L’objectif est ici de déloger les matières de la paroi intestinale, parfois accumulées depuis des années ! De nombreux adeptes du jeûne ne jurent que par cette méthode qui permettrait, au-delà d’un nettoyage de l’intestin, de relâcher efficacement le système nerveux. Cela peut s'expliquer par le lien intime existant entre le système nerveux entérique (de l’intestin) et le système nerveux autonome.
Les infusions
Une manière simple, douce et efficace d’accompagner ses organes digestifs dans le cadre d’un jeûne reste la consommation d’infusions. On peut par exemple opter pour l’anis vert (Pimpinella anisum) qui aide à favoriser la digestion tout en contribuant au fonctionnement normal du tube intestinal. Les graines de fenouil (Foeniculum vulgare) peuvent également être intéressantes. Le fenouil aide en effet à soutenir la digestion. Il aide aussi en cas de flatulences.
Se préparer psychologiquement au jeûne
Si la préparation physique au jeûne est essentielle, qu'en est il de la préparation psychologique et émotionnelle ? Le jeûne, surtout pour les débutants, peut entraîner son lot de décharges émotionnelles. Il est donc sage de se poser les bonnes questions avant de commencer un jeûne et, surtout, de s’informer afin de savoir à quoi s’attendre.
Le jeûne devrait toujours être pratiqué avec plaisir et ne jamais devenir une contrainte. Avant de se lancer, il est très important de faire le point sur ses objectifs et ses motivations profondes.
Pourquoi avons-nous décidé de nous lancer dans ce jeûne ? Sommes nous psychologiquement prêt à vivre la sensation de “manque” ? S’accompagner d’un journal de bord pour y noter ses pensées, ressentis et émotions au fil du jeûne peut être intéressant.
Quelle boisson pendant le jeûne ?
Nous l’avons bien compris, jeûner implique la privation de nourriture ! Mais qu’en est-il des boissons ? Si le jeûne sec fait encore quelques adeptes, la méthode de jeûne la plus commune reste celle du jeûne hydrique, autorisant la prise de liquides.
À consommer sans modération : l’eau ! On la choisit faiblement minéralisée et on veille à garder notre bouteille à portée de main tout au long de la journée.
D’autres boissons sont autorisées pendant le jeûne :
- les jus de fruits/légumes frais ;
- les tisanes ;
- les bouillons de légumes sans morceaux.
Bien que l’hydratation soit impérative pendant le jeûne, toutes les boissons ne sont pas conseillées. Il convient en effet d’éviter :
- les jus de fruits acides (agrumes, tomates, ananas etc.) ;
- l’alcool ;
- le café ;
- le thé ;
- les boissons gazeuses et sodas ;
- les laits végétaux ;
- les laits animaux.
Combien de temps jeûner ?
Le temps de jeûne doit être déterminé avec le soutien d’un praticien de santé compétent, dans le respect de la santé de la personne concernée. Pour le jeûne, et comme pour toute démarche en matière de bien-être, il est intéressant de travailler au cas par cas et de manière personnalisée.
Le plus souvent, on conseille un jeune de trois jours pour une bonne entrée en matière pour les personnes n’ayant pas encore l’habitude du jeûne. Ceux qui souhaitent se lancer dans une pratique un peu plus avancée peuvent aller plus loin pour vivre une autolyse plus prononcée, il est alors essentiel de se faire accompagner par un praticien formé au jeûne.
Comment reprendre l’alimentation après un jeûne ?
La suite du jeûne est tout aussi importante que le jeûne en lui-même ! Il serait dommage de choisir des plats non adaptés après ses quelques jours de diète et de fatiguer alors inutilement son système digestif.
En fonction de la vitalité de la personne concernée, il peut être possible d’écourter la durée de la reprise alimentaire.
La reprise alimentaire peut se dérouler à l’inverse de la préparation au jeûne, c’est-à-dire avec la réintroduction progressive de fruits et légumes, puis des protéines, puis des produits céréaliers.
Combien de fois peut-on jeûner dans l’année ?
Tout dépend de la personne ! Certains sont plus à l’aise avec la mise en place d’un jeûne intermittent, d’autres avec la programmation de jeûnes plus longs mais seulement une ou deux fois par an. L’essentiel est de rester à l'écoute de son corps et de ne pas se forcer. De manière générale, un jeûne d’une durée à déterminer avec un praticien deux fois par an est une bonne pratique pour maintenir sa forme.
Pourquoi se reposer durant votre jeûne ?
La phase de jeûne demande à notre corps de déployer de l’énergie. L’évolution des processus organiques entraînés par l’absence d’apports glucidiques demande beaucoup à l’organisme. C’est pour cela que le jeûne ne peut pas s’improviser et qu’une planification sérieuse s’impose!
Même s’il est possible de maintenir des activités normales, on choisit de jeûner plutôt pendant une période relativement calme. On peut continuer à faire du sport, mais il faut adapter sa pratique et favoriser des exercices doux (marche, yoga, pilates etc.).
Le jeûne est un temps pour prendre soin de soi, une occasion en or pour faire le point, se retrouver et surtout, se reposer !
Marine Leleux
Rédactrice spécialisée en Naturopathie
3 Commentaire(s)
Cet article m'a vraiment aidé
tt ces conseilles .
Je viens de commencer une cure thermale
Que me conseillez vous comme jeu^ne ?
Merci
Cordialement
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