Mycothérapie & Champignons
La médecine traditionnelle Chinoise
La mycothérapie est la science qui étudie les propriétés des champignons et de ses dérivés pour le bien-être. Cette discipline qui fait partie aujourd’hui des médecines non conventionnelles, était connue en Europe depuis l’antiquité. C’est pourtant en Orient et particulièrement en Chine qu'elle a acquis ses lettres de noblesse. Dans le « Traité de matière médicale » rédigé au XVIe siècle sous la dynastie des Ming, qui regroupe les connaissances en phytothérapie de l’époque, Li Shizen, son auteur, répertorie les usages et propriétés de plus de 270 espèces de champignons. Cet héritage, issu de la recherche traditionnelle, est encore très important dans la pharmacopée chinoise moderne où des champignons comme le Reishi et le Cordyceps occupent une place privilégiée.
La mycothérapie : de la thérapeutique chinoise traditionnelle à la thérapeutique intégrative occidentale
La médecine chinoise, tout comme la médecine ayurvédique, est reconnue comme une médecine traditionnelle par l’Organisation Mondiale de la Santé. Elle fait partie des médecines traditionnelles se basant sur une approche holistique c’est à dire considérant l’individu dans sa globalité, corps et esprit.
En Chine, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et la médecine conventionnelle sont toutes les deux intégrées dans le parcours de soins et coexistent.
Les praticiens en médecine chinoise font usage, depuis des millénaires, d’outils thérapeutiques forgés à partir de l’observation du vivant. Après un bilan énergétique comprenant la prise du pouls chinois, le médecin traditionnel va chercher à faire circuler les courants énergétiques dans les méridiens, en stimulant les points d’acupuncture, grâce à des outils tels que l’acupuncture et la moxibustion, l’acupression, la pose de ventouses, ou encore l’usage de remèdes à base de plantes, et la mycothérapie.
Le développement de la mycothérapie est documenté en Chine depuis avant - 200 avant Jésus-Christ, ce qui en fait un outil à part entière de la pharmacopée traditionnelle, particulièrement prisé et bien maîtrisé. En Occident, c’est à partir du 2ième siècle après Jésus-Christ que l’on retrouve des traces de documentation sur l’usage des champignons dans les écrits de Galien de Pergame. Cependant ces connaissances sont restées marginales, et il faut attendre la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, pour que la médecine occidentale s’intéresse plus attentivement aux champignons. Les principaux champignons issus de la pharmacopée chinoise font aujourd’hui l’objet de nombreuses études scientifiques dans le monde occidental, et leur usage en tant que compléments alimentaires est largement répandu.
Les champignons les plus connus
Le Règne des champignons fait partie des cinq règnes des êtres vivants. Le règne des mycètes comprend les moisissures, les levures qui sont des microchampignons, et les champignons. Ce sont ces derniers qui sont utilisés en mycothérapie. Plus de 100 000 espèces différentes ont été répertoriées à ce jour. Mais en réalité, la diversité totale estimée pourrait dépasser les 3 millions d’espèces.
Les champignons sont des structures vivantes multicellulaires, qui ne sont ni végétales, ni animales, mais possèdent des caractéristiques de ces deux règnes. Tout comme les plantes, ils poussent en milieu naturel, dans le sol ou sur les arbres, mais à la différence des plantes, ils ne possèdent pas de chlorophylle et n’obtiennent pas de nutriments à partir de la photosynthèse. Ils sont hétérotrophes tout comme les animaux. Cela signifie qu’ils se nourrissent de matière organique fabriquée par d’autres organismes. Concrètement, les champignons sécrètent des enzymes digestives pour absorber les molécules organiques dont ils se nourrissent, au cours d’un processus appelé la digestion extracellulaire.
On retrouve les mêmes molécules actives, dans presque tous les champignons couramment utilisés en mycothérapie : les bêta-glucanes, les glycoprotéines qui sont semblables aux membranes des bactéries, les triterpènes que l’on retrouve également dans l’huile essentielle des plantes aromatiques, les stérols, les lectines et les enzymes. Un autre grand point commun, entre les champignons utilisés en mycothérapie moderne, est qu’ils sont tous considérés comme adaptogènes. Mais ils présentent aussi des caractéristiques et des usages propres.
Zoom sur les cinq super champignons, les plus connus :
Le Cordyceps
Nom scientifique : Cordyceps sinensis
Autrefois, c’était un champignon rare et cher, ramassé sur les hauts plateaux tibétains à 5000 mètres d’altitude. Aujourd’hui, il est généralement cultivé sur un substrat végétal, pour une récolte plus éthique.
Le Reishi
Nom scientifique : Ganoderma Lucidum
Les chinois surnomment le Reishi le « champignon de la jeunesse éternelle ». Naturellement riche en polysaccharides, en bêta glucanes, en triterpènes, en stérols, en vitamines du groupe B et en germanium, il concentre cette richesse en molécules actives, dans sa chair (chapeau et pied).
Son goût très fortement boisé et amer le rend difficile à consommer sous forme de préparations culinaires. La forme en gélules à avaler est celle privilégiée aujourd’hui pour sa consommation par les populations occidentales.
L’Héricium
Nom scientifique : Hericium erinaceus
L’Héricium ou crinière de lion est facilement reconnaissable à ses longs « poils » blancs qui tombent en cascade. Apprécié en cuisine pour sa saveur proche de celles des crustacés, il peut également être consommé en tisane. La médecine occidentale s’intéresse à son profil particulièrement riche en molécules actives comme les polysaccharides, mais également en sélénium, germanium, et en zinc.
Le Shiitaké
Nom scientifique : Lentinula edodes
Consommé en Chine et au Japon pour son goût très apprécié, le Shiitaké est utilisé depuis des temps ancestraux pour ses propriétés. C’est probablement le premier champignon que l’homme a commencé à cultiver, il y a près de 2000 ans.
Le Maïtaké
Nom scientifique : Grifola Frondosa
Les japonais le surnomment le « roi des champignons » et le considèrent comme un fortifiant. Selon la légende, les récolteurs à la découverte de ce champignon dansaient de joie, d’où son autre surnom de « Dancing Mushroom ». Utilisé depuis au moins 3000 ans au Japon et en Chine, le Maïtaké est un champignon comestible, qui poussent à l’état naturel sur les châtaigniers. Il jouerait un rôle prébiotique, en favorisant le développement de bifidobacterium breve et de lactobacillus brevis dans la flore intestinale.
Ces champignons peuvent être utilisés sous différentes formes. Frais, le champignon est approprié pour une utilisation en cuisine, mais présente un temps de conservation court. Les préparations sèches/déshydratées, sous forme de poudre de champignon à intégrer dans les plats ou les smoothies, se conservent plus longtemps, mais peuvent malgré tout être sujettes à l’oxydation si elles sont fréquemment exposées à l’air. Il est dans ce cas plus intéressant pour un usage de complément alimentaire, d’opter pour des gélules, ou pour des préparations sous forme de tisanes ou de décoctions.
L’expertise acquise par la médecine traditionnelle chinoise en mycothérapie, en fait, aujourd’hui, une discipline de plus en plus étudiée en Occident. Les domaines d’application explorés sont vastes et laissent ouverts de nombreux champs de possibilité/