Philosophie qui conçoit l’existence d’une « énergie vitale » agissant en chacun de nous, la notion de vitalisme a été nommée depuis au moins 7 000 ans chez de nombreux peuples antiques. Elle est aujourd’hui un des fondements de l’approche naturopathique, celle-ci étant fondée sur le principe de l’énergie vitale de l’individu, pris en compte dans toute sa globalité et individualité.
Mais alors, qu’est-ce qu’exactement le vitalisme ? À quoi correspond-t-il ? Comment se manifeste-t-il concrètement ? Découvrons tout cela dans cet article.
Qu’est-ce que le vitalisme ?
Le vitalisme est un fondement philosophique et métaphysique qui considère l’existence d’une force vitale, une sorte « d’intelligence biologique » que possède le corps. Ce principe vital serait le siège du total équilibre organique : notre « capital santé ». Cette énergie immatérielle se manifeste par notre capacité à nous réguler. En effet, ce serait elle qui gère la « matière » et toutes les fonctions physiologiques du corps pour permettre à celui-ci de se rééquilibrer spontanément. L’énergie vitale relierait toutes les parties de notre corps, et si la circulation de cette énergie venait à être perturbée, des déséquilibres apparaîtraient.
Le vitalisme est un pilier de la naturopathie car cette dernière respecte les principes de l’énergie vitale unique et intrinsèque à chacun. Non seulement elle les respecte mais elle favorise et accompagne le processus de régénération du corps. Lors de l’entretien, le naturopathe évalue la vitalité de la personne en fonction de l’hérédité, des habitudes de vie, de ses réactions au stress… et s’attache à maintenir et à restaurer cette énergie vitale. La naturopathie est, en finalité, la pratique moderne des fondements de la « médecine » d’Hippocrate, notamment le causalisme, l’humorisme et celui que nous développons dans cet article : le vitalisme.
Pour expliciter le vitalisme, il faut considérer que cette théorie s’oppose au « machinisme » ou au « matérialisme ». En effet, a contrario du vitalisme, le matérialisme considère que les êtres vivants sont uniquement composés de matière, à l’instar d’une machine. La philosophie matérialiste considère en effet que la nature ou le corps aurait une activité automatique, aveugle et dénuée d’intelligence. Le matérialisme considère également que le milieu dans lequel évolue l’individu n’a pas d’importance, tandis que le vitalisme envisage l’inverse.
Aujourd'hui, c’est la philosophie matérialiste qui domine notre monde moderne : c’est la base des sciences physiques actuelles.
Histoire du vitalisme
Déjà à son époque, il y a 2 500 ans, Hippocrate, le père de la médecine et de la naturopathie, a nommé cette force « impectum faciens ». Le principe du vitalisme se retrouve ensuite dans toute l’histoire de la médecine.
C’est au XVIIIème siècle que Paul Joseph Bartez attribue les phénomènes de la vie à un « principe vital », distinct des lois physico-chimiques et de l’âme pensante : « j’appelle principe vital de l’Homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. »
Cette notion philosophique qu’est le vitalisme est également présente dans toutes les traditions de la planète, en particulier les traditions orientales et moyen-orientales. C’est d’ailleurs cette énergie qui est à la base des pratiques thérapeutiques et spirituelles. En effet, l'énergie qui circule à travers les méridiens, les chakras, est la même énergie que sollicite les pratiquants d’arts martiaux ou les énergéticiens. On appelle ce principe vital le Qi en Orient (Chi en Chine et Ki au Japon), le Kâ chez les Égyptiens et le Prâna en Inde.
En Occident, elle est apparue avec le magnétisme animal de Mesmer, l'Élan originel de la Vie de Bergson, la force ou l’élan vital… autant de termes pour désigner ce même phénomène qu’est le vitalisme.
C’est au XIXème et XXème siècle que le concept du vitalisme reprend sa place dans la recherche, notamment grâce à l’apport de la physique quantique et aux considérations d’Einstein. En philosophie, c’est surtout Henri Bergson qui adopte ce postulat, compatible avec les découvertes scientifiques de son époque. C’est lui qui parlera « d’élan vital » comme une liberté organique nécessaire.
En quoi consiste la théorie vitaliste ?
Le vivant posséderait une force qui lui est propre, différente du concept de « l’âme » qui anime les êtres ou les phénomènes physiques, chimiques et génétiques qui régissent le vivant. Voyons ensemble les principes de la théorie du vitalisme via ses lois majeures.
Loi de conservation de la cellule vivante
Les travaux d’Alexis Carrel, éminent biologiste qui a longuement étudié les principes du vitalisme, ont prouvé qu’il était possible d’immortaliser une culture de cellules vivantes en lui apportant les éléments nutritionnels et d’épuration réguliers, appropriés en fonction de ses besoins. Sa conclusion : toute cellule vivante tend à sa propre conservation.
Loi dite d’impulsion vitale
C’est Walter, un philosophe, qui parlera d’un instinct de conservation en tant qu’impulsion vitale mise en jeu par la vie qui n’est ni physique, ni chimique. Selon les lois du vitalisme, tous les processus de l’organisme sont dirigés par cette force vitale, laquelle est intelligente, c’est-à-dire agissant dans le sens de la finalité de la vie.
Loi du besoin minimum
Comme le dit cette loi vitaliste, pour remplir ses fonctions, la vie a des besoins. S’il y a insuffisance dans l’un des besoins, l’organisme subit un déséquilibre entraînant vers le mal-être.
Loi de l’action double
Henry Lindlahr, naturopathe et élève de Sébastian Kneipp, parle de cette loi d’action double dans le vitalisme. Il dit que tout ce qui est introduit dans le corps ou en contact avec lui est soit utilisé, soit expulsé selon qu’il est profitable ou nuisible (ex : nourriture ou poison).
Loi de perception de l’énergie vitale
Selon le vitalisme, on dit que la vitalité (ou énergie vitale) est invariablement perçue par chacun en tant qu’énergie de dépense (croissance, travail…), mais jamais sous la forme d’énergie de réserve.
Qu’est-ce que la force vitale ?
D’un point de vue scientifique, grâce aux travaux de la physique quantique, il est facile d’admettre l’existence de cette énergie que nous appelons force vitale, ou vitalisme. Pour parler de ce vitalisme, il suffit de considérer le pourcentage réel du vide qui composent les atomes et les molécules de notre corps : environ 99,9999999999…%.
Dans ce vide se trouvent des forces qui relient les éléments matériels, que l’on peut appeler « énergies ». Nous sommes composés de vide et d’énergies. De plus, depuis Einstein et la physique quantique, nous savons que la matière est à la fois corpusculaire et ondulatoire. C’est-à-dire que toute matière peut être considérée comme un certain niveau de condensation d’énergie. En effet, E = MC² signifie : énergie = matière x la vitesse au carré (²).
Après Einstein, les physiciens ont ajouté une donnée : l’information. Toute manifestation est formée d’une certaine quantité de mélange de E (énergie), M (matière) et I (information).
Prenons l’exemple de la manifestation d’une chaise, nécessitant trois éléments :
- l’Idée de la fabriquer ;
- la Matière de la chaise ;
- l’Énergie pour la fabriquer.
Dans la chaise, la matière est la plus visible mais le reste existe aussi. Si nous la brûlons, le ratio E-M-I change : il y a moins de matière et plus d’énergie, puis, l’énergie se dissout. Il reste alors l’idée de la chaise, mais, où est-elle ? La chaise n’existe alors plus mais l’idée de la chaise manifestée est d’abord nulle part, et, de façon non manifestée, partout.
Un exemple de manifestation du vitalisme
Les manifestations de cette énergie vitale intelligente et formatrice sont nombreuses. Le corps est par exemple animé par cette force vitale qui, chaque jour, maintient notre homéostasie et nous auto-régule. Bien sûr, le vitalisme se retrouve aussi et surtout tout autour de nous, dans la nature.
L’exemple de la nature et de la forêt
Avez-vous déjà observé comme une forêt se régénère et repousse après un incendie ou une déforestation ? Ces petits bourgeons bien verts que l’on voit apparaître sur une branche toute calcinée ? Voici un très bel exemple de cette force vitale que le vivant contient en lui. Les incendies forestiers et les déforestations sont des sujets d’actualité et il est très intéressant de constater que de nombreux chercheurs de la biodiversité estiment qu’en seulement cinquante années, une forêt est capable de se régénérer et de faire revivre à nouveau tout un écosystème.
L’intelligence de la nature arrive même à faire renaître les espèces qui ont autrefois été coupées ou brûlées. Cependant, il faut tout de même plusieurs siècles pour qu’une forêt ancienne retrouve toute sa place et son abondance d’antan. Les chercheurs observent que la régénération naturelle de la nature - en particulier des forêts telles que la forêt Amazonienne ou des forêts tropicales et vierges - est la plus efficace en terme de conservation de la biodiversité.
Le vivant ne cesse de nous surprendre par sa capacité de régénération et disons même, de résilience. Après tout, nous aussi, nous sommes ce “vivant” car nous faisons partie de la nature et mieux encore : nous sommes la nature !
La vie est… virale !
Ces considérations permettent de constater qu’il n’y a pas forcément d’opposition entre les principes naturopathiques millénaires et la science d’aujourd’hui : un dialogue est possible, sans que l’un n’exclue l’autre.
Pour conclure cet article éminemment philosophique, nous pourrions citer Gilles Deleuze : « [les] organismes meurent, pas la vie. ». Ce Chi, Prâna ou « intelligence innée du corps » agit chaque jour au sein de nos organismes mais aussi des plantes, des animaux… Finalement, de tout ce qui est et de tout ce qui vit.
Emma Bagamyan
Rédactrice spécialisée en Naturopathie
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